Jardin dévasté, 
Où ils ont couru, 
Où nous avons pleuré. 
Les rires s'accrochent encore 
Aux branches folles désespérées. 
 
La guerre. 
 
Le saule pleure pour la première fois. 
Les bouleaux aussi. 
Pleureurs. 
 
A l'heure du désastre qui dévaste, 
Chaque arbre affaissé, effondré, affalé 
N'est plus que l'ombre qu'il offrait. 
 
Les années riches où ils croissaient, rieurs 
Ont fait place au désastre, au malheur. 
Comment les enfants pourront vivre 
Sur un champ de ruine égaré ? 
Égaré dans leur tête égarée. 
 
De ce morceau de paradis 
La vie a déserté, 
La vie s'en est allée. 
Les rires au loin aussi, 
Remplacés par l'ennui. 
 
Ne manque que le béton, 
Ne manque que le goudron 
Pour assouvir froidement 
Ce rêve de génocide, 
Leur suicide assisté. 
 
Dans un coin du jardin, 
Dans un coin préservé, 
Dans un coin intouché, 
Il y a un type qui pleure. 
Il pleure pour eux.
© Eric Benoit