Le monde est à nous
Une lune pleine,
Quelques roses qui entêtent,
S'entêtent à ne vouloir faner.
Un verre de Viognier,
Un sentiment soudain de bien-être profond,
Une sensation vibrant dans chaque part
De mon pauvre corps seul.
Un bonheur faisant écho
à la tristesse ;
Celle de ne pas le partager.
Et que vaut le bonheur s'il n'est pas partagé ?
Oscar Wilde y répond je crois :
Rien !
Même s'il est là, bien là,
Ce ciel rien que pour toi,
Cette lune jaune et claire,
Et présente et amie.
Cette étoile vénusienne que tu sculptais hier,
Que tu retrouves à côté d'elle.
Fidèle compagne des jours couverts,
De l'air léger, des cieux limpides.
Rien d'autre n'est nécessaire,
Que d'être.
Ainsi.
A quoi bon chercher toute chose
Qui ne viendrait pas seule ?
J'aime ce frisson puissant
Qui me prend lentement,
S'installe doucement, et m'amène
à ne rien vouloir d'autre,
Que cette seconde unique.
Celle où j'entends les rires
Et les talons aiguille
Des filles qui se retrouvent.
De la mienne qui rayonne.
Où je perçois encore
La mélodie pincée
Des cordes de guitare
Chantant « Barbès, Clichy ».
Partage impromptu d'une après-midi
D'une soirée pas si solitaires.
J'aime ce silence qui en dit plus
Que tous les mots
Réunis en un seul.
Le silence n'est-il pas à la parole
Ce que le blanc est au noir ?
La somme, et non l'absence,
De toutes les nuances substantives.
Je suis le rêve d'une Vie qui avance,
Se meut modestement
Vers un meilleur comme une offrande.
« Le Monde est à Nous » ai-je construit.
Chemin vers l’espoir étoilé
Au mépris des pièges barbelés
Et de l'aspiration leurrée
D'un monde qui veut tout vendre.
Je veux, je peux tout porter.
M'emporter vers le meilleur qui soit,
Dans le même mouvement,
Emmener ceux qui m'aiment, vraiment.
Qui m'aiment vraiment…
Vraiment les emmener…
Les emporter, par ce que je suis,
Dans l'amour de ce que nous sommes.