Sous le ciel lumineux d'une nuit endurcie, 
J'ai vu le fond de ton iris, et la pupille ouverte 
M'a tout dit de toi. 
L'univers y était. 
En chaque point de l'infini perçu. 
Celui-là dont je fais le tour sans jamais me lasser, 
Celui que je pénètre sans jamais m'y perdre, 
Où je te perds espérant mieux te retrouver. 
 
C'est l'infini de tes yeux qui traversent l'éther ; 
Chaque étoile me dit de quel songe tu es faite. 
De songes cotonneux, de songes épineux, 
Empreints du réel fou 
Où j'avance à pas lourds, où je m'agrippe aux arbres, 
Où je saisis les lianes qui m'élèvent alors 
Pour contempler les traces du périple utérin, 
Le chemin de l'ange-né, les voies irraisonnables ; 
Où les voiles s'éteignent, où les rêves s'étreignent ; 
Où les étreintes saignent pour mourir à l'enfant. 
 
Une aube s'est levée, un soleil a percé, 
Un printemps est venu dans ce monde apaisé. 
Le printemps en automne, toutes choses inversées. 
Je me surprends à vivre, à rêver, à danser 
La valse du temps lourd exaltant son vortex. 
Je reprends le chemin suant la rosée fraîche, 
Où je glisse mes pas, parsemé d'herbes vertes, 
Que je fume en songeant aux nues que je recherche. 
 
Je ne perçois plus rien des douleurs passées, 
Des matins angoissés à ne pas exister. 
Les yeux maudits de l'autre, les regards déplacés 
Sont des épaves échues, des barques échouées 
Dans le lac de tes yeux, ton iris, 
Je renais.
© Eric Benoit