08/04/2020 – Jour 23 - Christiane SINGER, c'est tout  
Devant ce que je lis, pas grand chose à commenter, tout y est, brillamment, purement, simplement exprimé par Christiane Singer en 1992. Ces paroles nous mettent devant nos responsabilités en même temps qu'elles sont porteuses de la plus vive espérance. Je les partage avec vous. Elles se suffisent à elles-mêmes. 
 
« le monde du dehors ne reflète que l'état du monde intérieur...devant toute souffrance, toute violence, toute dégradation monte la question harcelante : qu'y a-t-il en moi qui souffre, qui mord, qui frappe, qui tue, qui dégrade? Quelle part en moi acquiesce à l'humiliation, à la mort d'autres humains ?... 
...il ne s'agit de rien d'autre que de « réparer le monde en nous » (François Cervantès)...J'ai vu, en toutes ces années, des couples réparés par le travail d'un seul, des familles, des longues dynasties de vivants et de morts, réparées, pansées, apaisées par le travail d'un seul, des bureaux, des classes d'école, des hôpitaux réparés par le travail d'un seul 
...Les priorités de notre société industrielle avancée sont pathogènes. La comptabilisation de toute valeur, l'âpreté au gain, une compétitivité qui prend la forme d'une guerre larvée entre les hommes, les entreprises et les états déterminent la norme quotidienne. Les vieux réseaux de solidarité qui éclairent l'histoire de l'humanité, le couple, la famille, le clan la communauté professionnelle, volent en éclats. L'individu libéré de tout lien, de toute relation familiale, amicale et sociale qui constitue une identité, erre, morcelé, harcelé par tant d'invites désordonnées, proie facile de toutes les iniquités et de toutes les insignifiances. Expulsé d'un tissu vivant de reliances, il zappe sa vie d'une excitation à l'autre et a recours à des succédanés de plus en plus torves. EN rompant les liens durables qui l'humanisent, il glisse vers une cruelle anesthésie du cœur... 
...La seule bonne réponse est de se mettre aujourd'hui encore au service de la vie, de prendre soin aujourd'hui encore de la petite enclave de vie qui m'est confiée
 »
© Eric Benoit