Edutilos.
Un mot, seulement un mot.
Vêtu de mille couleurs ternes.
Commenté à l'excès, galvaudé, désuet ;
Vécu de mille façons dans ses mille couleurs.
Ce mot qui s'invite d'abord, vous habite et s'installe.
Vous enserre et vous pousse.
Modifie les nuances et les tonalités.
Vous accapare pour mieux abandonner.
Vous fait oublier qui vous êtes,
Vous fait oublier que vous êtes.
Oublier la saveur et la beauté des choses.
Dont on ne sait s'il arrive par vous
Ou par l'absence des autres.
Le mot qui pousse en vos entrailles,
Vous oblige au repli,
Dans lequel déjà vous êtes.
Vous oblige à l'oubli déjà,
Qui demain vous attend.
En somme ne vous donne plus le choix
Que celui d'être ou disparaître.
Un mot comme une nimbe,
Un habit de misère dont on n'a pas voulu.
Dont personne ne veut,
Abandonné sans cesse sur le bord d'un chemin.
Puis ramassé matin par l'âme désespérée, par l'imbécile heureux.
Abandonné des siens, abandonné des dieux.
Chiffonnier et biffin,
Leurré par le destin,
Je me retourne alors dans l'euphorie vivace,
Celle du néant qui donne et celui qui unit
Du néant dont on est et du néant qui fait :
« Que jamais on n'est seul ! »
Le mot enfin lâché.