Nixes
Éthéré et mystique, bien vivant néanmoins,
Je me rêve singulier voyageur solitaire,
Lustrant de mes pas souples
Le sol froid exhalant son haleine vive et sourde.
De mes longs bras ballants,
De droite et de gauche voletant,
Je glane l'or, les rosées et j'éveille les herbes,
Ces herbes pas encore folles, folles pas tout à fait.
De pas lourd en pas lent, j'imprime ma présence
En ces lieux familiers de roses et de fragrances.
Au volte-face, je vis les traces effacées,
Par milliers les lucioles balayant mes méfaits.
Je poursuivis plus loin ma quête de Prāṇa
Et respirai, serein, le frais parfum des joncs,
Des feuilles qui s'ébrouent, des écorces qui craquent.
Dans la jubilation fertile de l'aube ensorcelée,
Les lutins et les fées, les nicettes affairées
Ne tournèrent pas même l’œil pour me voir passer.
M'éclairèrent seulement de leur subtil dessein.
Mes sens aiguillonnés, hérités du Divin
Me firent subitement découvrir sous l'airain
Celle que je poursuivais.
Allongée alanguie sur l'horizon lointain,
Je la vis, boréale, déployant son Aurore.