Terre brûlée

Blanche la terre brûlée et extirpée de tout, 
Je ne vois plus le temps qui passe doucement. 
Celui qui passe et qui pourtant revient 
Se consumer d'abord pour renaître avec moi. 
 
La blessure de ma gorge douloureuse et acide 
Endort les pensées lourdes du jour qui disparaît. 
Je ne vois que le blanc ; 
Immaculé en tout, il inonde mes sens, 
Il me prend dans ses bras alanguis cotonneux 
Pour apaiser le vil fiel coulant dans mes veines. 
 
Dans mes émotions vaines, mes bras écartelés. 
Je puise dans mes rêves les couleurs qui saupoudrent 
Si délicatement la pâleur de ma vie. 
 
Je m'endors au matin pour oublier le jour. 
 
Je prie. Je vis. Je cours  
Sur le nuage frêle du printemps qui se fait.

© Eric Benoit