Quand le temps se dilate
Et qu'il n'a rien à dire,
Je lui vole la parole
Et m'enfouis sous mes draps.
Je suis comme un fer chaud
En plein été brûlant,
Rien n’esquisse les mots
A l'instant dérobés.
Chaque son est un don,
Pas une parole volée.
Je glisse sur le chemin
Boueux et entrainant,
La glaise ne retient
Que l'absolu en moi.
Les sapins ont verdi
Ce jour d’Épiphanie,
Les rois se rient de moi,
Frêles figurines inertes
De la crèche où je meurs,
De celle où je renais,
Dans le foin odorant
De Marie embaumée.
Les crêtes se découpent
Sans jamais se fermer.
Je distingue dans l'ombre
Celle de tes bras ouverts,
Le souffle de ta bouche
Et l'odeur de tes seins.
Agrippe ce que tu peux,
Enfantin est mon corps,
Ne lâche pas ma main,
Moi qui ne suis enclin
Ni de vie ni de mort.
Je disperse les cendres
D'un passé révolu,
Je souffle sur les braises
D'un présent qui crépite.
J'entrevois dans tes lèvres
Le futur qui frémit.
Prisonnier de ma cage,
Les arbres lèvent ma peine,
Accablé par les peurs,
Les fleurs se font légères.
D'un coup de poing furtif
Je déchire les fils
Barbelés des angoisses.
Je souris.