Pendant ce temps, les télévisions, radios, se sont braquées sur nos nombrils meurtris et nos peurs révélées. Mais où sont ils ? Où sont les migrants syriens démunis et chassés de leurs villages, de leurs embarcations, rejetés à la mer, dévalisés par les passeurs, maltraités par les policiers de tous pays, honnis.
Disparus des écrans. Errant sur les routes, dans les camps, sur les mers, de la Syrie à la Turquie puis la Grèce et l’Europe promise mais barricadée.
La terre sait tout. Nous ne savons plus rien. Il nous faut tout réapprendre.
Pendant ce temps encore, ce choc, non des cultures mais de la nature qui rit et qui vit, qui pouffe et se moque. Elle explose au moment même où nous implosons. Chaque pétale est un message autant qu'un enchantement, une preuve de la suprématie de l'essence. La mare et les tritons qui batifolent et fraient. L'herbe qui verdit. Maïssa qui rit et s'esclaffe, éperdue de liberté et d'amour.
Et comme c'est difficile de ne serrer Maïssa que dans mes bras subtils, la croquer de mes yeux et me gaver de ses rires exagérés et si vrais pourtant.
Manel chemine. Elle vit. Se gave de miel et de lait. Dans ses joues généreuses, c'est l'amour que je lis, c'est la vie que je vois.