Pour débuter et avant les explications, ce que je veux retenir du texte de ce discours :
- "Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune" : issu de l'article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
- "Le temps long" : par opposition au temps du bénéfice immédiat, sans planification (qui était un gros mot !) et sans soucis de durabilité ;
- "Nous réinventer – et moi le premier" : Oui svp, oui ! Lui le premier ! Mais j'en serai aussi. Soyons-en !
- Les Jours Heureux : Je veux entendre la référence au CNR et surtout pas, non, pitié, au bon vieux temps heureux d'avant le virus. "Avant" était le problème, je ne veux pas y retourner
On peut dire que Macron va piocher loin dans la rhétorique et dans les références illustres à une société digne de ce nom.
Pour le moment, ce ne sont encore que des mots !
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Alors, il est venu, il a vu (?), il a pas vaincu. Convaincu ???
Mais il a parlé !
D'abord je dois dire que je suis rassuré. Le Président a bonne mine, on le dirait de retour des sports d'hiver ou des Seychelles...
Plaisanterie mise à part. Que m'inspire ce qu'il nous a dit ?
Et il nous en a dit, c'est le moins que l'on puisse dire !
Avant tout, et pour ne pas céder à la critique systématique, je ne vais pas lui reprocher de nous parler trop... Je serais le premier à regretter son silence ou son absence... De même, si je dénote nombre d'incohérences, de filouteries et de manipulations, je veux encore supposer qu'il y a une part de sincérité dans ses paroles... Ou bien c'est effectivement le cas, ou bien c'est le plus fieffé menteur, acteur pervers que j'ai jamais vu, en regard des circonstances et de la teneur de ses mots.
Que voulez-vous, je ne me referai pas, quoiqu'il arrive, je continue à croire...
Je ne vais bien sûr pas faire un commentaire intégral de son texte mais seulement quelques points qui m'ont paru marquants, en commençant par ce à quoi j'attache le plus d'importance : les changements profonds, l'après...
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Allons-y !
Je vais donc débuter par ce qui me paraît essentiel et le plus important dans ce discours : la fin et les « engagements » lourds de sens. C'est ce qui m'intéresse, uniquement cela. Si on y va, je veux bien oublier tout le reste ! C'est ce à quoi je m'engage, de mon côté, à rester attentif à ce qui sera fait de ces engagements dans les mois et les années qui viennent. Parce que tout l'enjeu, le seul, est là.
L'après et les grands engagements:
« Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd'hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ». Ces mots, les Français les ont écrits il y a plus de 200 ans.
Nous devons aujourd'hui reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. »
Que de belles paroles, que j’aimerais ardemment voir se concrétiser. Mais si difficiles à croire après les avoir si longtemps nier, ridiculiser : grève des urgences, du personnel soignant depuis un an : aucune revalorisation « je n'ai pas l'argent magique » disait-il à une aide-soignante !
Idem pour les instituteurs et professeurs, niés dans leur rôle essentiel...
Avec en sus une référence à la déclaration des droits de l'homme !
« Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience qui seules peuvent permettre de faire face aux crises à venir. »
Parfait, le temps long par opposition au bénéfice immédiat !J'y crois. C'est pour ça que j'ai voté en 2017 ; mais lui n'en parlait pas. Seul un certain JLM le développait dans son programme présidentiel et le livre « l'ère du peuple ». S'il le met en œuvre, je vote pour lui !
« Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier. »
Je n'attends que cela, encore une fois, je souscris, je signe, contresigne... S'il montre la voie, comme il le dit, je serai là, avec lui ! Mais je suis persuadé que le peuple sera là, avec ou sans lui !
« Mes chers compatriotes, nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les Jours Heureux. J'en ai la conviction. »
Et il termine donc avec une référence explicite au Conseil National de la Résistance (Les Jours Heureux) et ses créations magistrales de l'après-guerre. Allons-y ! Oui ! Je suis partant. Cherchons nous de nouveaux Ambroise Croizat (je doute qu'ils soient dans l'assemblée de ce gouvernement). Mais là aussi je serai là !
Le reste du discours :
Un petit mot quand même sur le ton, que je trouve mielleux, empreint de compassion (réelle ou feinte) et un brin affligé... Néanmoins, je le préfère quand même au ton arrogant qu'il a manifesté en d'autres circonstances.
A part ça, c'est donc reparti jusqu'au 11 mai !
Après l'imprécision du 16 mars, disant le confinement sans le dire, sans date évidemment... Après quelques semaines de cette situation, on sent toute la nécessité de donner des éléments plus précis, une sorte d'objectif, de visibilité dans la sortie du tunnel pour tout un chacun...
Cet après-midi, je ré-imprimais une vingtaine d’attestations de sortie... J'avais pas tort. On a a encore jusqu'au 11 mai.
Je dois dire que très égoïstement, ça ne m'afflige pas. Derrière cette date, il y a une paix prolongée, un répit et se cache toujours ma crainte que tout reprenne... Comme avant !
Très égoïstement c'est sûr parce que nombre d'entre nous ne doivent pas voir cette prolongation avec grand entrain, tant ils en souffrent.
Premier point qui m'afflige : « nous avons soigné tout le monde... » : il se planque derrière un élément de langage ! Certes à chaque personne en détresse des soins ont été apportés, mais on connaît lesquels. On sait dans quelles conditions. On sait les choix horribles de priorités qu'ont dû faire les soignants. Littéralement, personne ne pourra lui reprocher cette phrase mais elle est indécente ! C'est comme si elle niait les 600 à 1000 morts quotidiens, soignés mais pas guéris.
Deuxième point : un mot pour tout le monde, des soignants aux caissières... Une liste imposante... Sincère ? Dresser un tableau large et complet de la France qui se débat, travaille, souffre...
Puis il rappelle les essentiels gestes barrières : ben oui... ! Mais en oubliant de dire qu'on n'a que cela. Et toujours pas de masques pour tout le monde. La République Tchèque oblige chaque personne à en porter un depuis mi-mars !!! Nous le ferons... mi-mai, peut-être !
Un mot ensuite sur le doublement (jamais réalisé) du nombre de lits de réanimations : Oh non, pas ça ! Quand ils ont été les acteurs du sabotage de l’hôpital et de la suppression massive des lits (y compris de réanimation) préalable à cette crise. Encore une fois, indécent !
Liberté de circulation : il évoque la fameuse application permettant de suivre tout un chacun grâce à son téléphone portable ! La loi d'urgence sanitaire permet de l'imposer. Heureusement, de nombreuses voies se sont levées et la Cnil a rendu un avis qui pèse, nous préservant (pour le moment) de ce mouchard de poche !
Puis cette question « Alors à quelle échéance, dès lors, peut-on espérer entrevoir la fin définitive de cette épreuve ? Quand pourrons-nous renouer avec la vie d'avant ? » . Je réponds JAMAIS, par pitié, jamais plus la vie d'avant. Là encore, en posant ainsi cette question de l'après, j'ai des doutes sur ses réelles intentions. Comme quand il reprend les couplets et rengaines sur la production à démultiplier(« Il nous faudra rebâtir notre économie plus forte afin de produire... ») après cette date, certainement pour rattraper le retard, de croissance, de fric...
Et le couplet sur le peuple et son caractère :
« On disait que nous étions un peuple indiscipliné, et voilà que nous respectons des règles, des disciplines parmi les plus rigoureuses jamais imposées à notre peuple en temps de paix.
On disait que nous étions un peuple épuisé, routinier, bien loin de l'élan des fondations, et voilà que tant d'entre vous rivalisent de dévouement, d'engagement face à l'inattendu de cette menace. »
Il aurait été juste qu'il prononce « Je » en lieu et place de « On » car c'est bien lui qui insultait ce peuple, en le traitant ouvertement de « fainéant, râleur... » et autres noms d'oiseaux
l'Union européenne
Le volontarisme initial a disparu quand il annonçait qu'il allait convaincre ses partenaires. Je le comprends, il n'a pu, comme nous, que constater que l'UE n'existait pas dès qu'une difficulté apparaissait. Chacun pour soi ! Aujourd'hui, il nous dit humblement « Pour ce qui me concerne, je tâcherai de porter en Europe notre voix afin d'avoir plus d'unité et de solidarité ». Pauvre Europe
Pour résumer, des paroles encourageantes et ce qui pourrait être un bel engagement s'il est suivi d'effet mais hélas trop d'indécence et de fautes reconnues sans les reconnaitre, en se cachant tantôt derrière « le monde entier » (non, le « monde entier » ne vit pas cette crise avec des effets identiques, grâce aux choix qu'ils ont préalablement faits !) ou des « réussites » factices ne masquant que le déficit abyssal de leur politique et de leur stratégies précédentes.
La reconnaissance sans équivoque des erreurs passées aurait été un gage vis à vis de ces promesses qui, pour le moment, n'engagent que ceux qui les écoutent.