Si elle avait tenu ses promesses !
Bien sûr, il n'y a pas une politique mais autant que de tendances. Il n'y a pas « un » politique mais des individus dont nombres sont hélas vautrés dans la corruption, passive ou active. Sans vouloir cependant généraliser à outrance, il faut bien reconnaître que depuis des décennies, toutes tendances confondues, les promesses ont été systématiquement trahies, oubliées, outrepassées. Le problème n'est pas franco-français mais nous avons cette quasi-spécificité de la « politique-carrière ».
Ceux qui rentrent en politique, encore en culottes courtes, n'en sortent jamais, ou alors les pieds devant. Ils ne lâchent jamais ces postes trop prestigieux et ce pouvoir enivrant sans lequel ils n'existent plus. Ils disparaissent parfois, quelque temps, pour mieux réapparaître un peu plus tard, drapés souvent d'un costume de « sauveur » missionné pour servir la France... On le sait, ils sortent tous des mêmes écoles, l'ENA particulièrement et leur formatage est alors si parfait qu'il semble illusoire d'espérer rationnellement des changements de société grâce à eux. Ils pérennisent, à quelques nuances près, un système qui les sert et qu'ils servent au quotidien.
Des émancipations successives offertes par les révolutions, celle de 1789, celle de 1872, celle de 1936, celle de 1968... il ne reste plus grand chose. La caste dominante de ces carriéristes a repris le pouvoir pour instaurer quelque chose qui se nomme encore démocratie mais n'est plus ni représentative ni démocratique, à coup d'abstentionnisme, de jeu dangereux vis à vis de l'extrême droite, de pouvoirs accrus de l'exécutif, de lois d'urgence (terroriste ou sanitaire) qui persistent dans le temps, de mensonges et d'une totale impunité quelles que soient les décisions qu'ils prennent et leurs conséquences.
Par dessus tout, le pouvoir financier du grand capital et des lobbies écrase ce qui reste de « pouvoir décisionnel disponible ».
Mais dans ce domaine, les crises peuvent jouer un rôle déterminant et positif avec le rejaillissement d'une politique digne de ce nom, reprenant les rênes de la direction d'un pays, pour le pays et sa population.
On l'a vu en France avec des personnages comme Jean Jaurès qui aura tout fait pour éviter la première guerre mondiale, avec le Front populaire et ses avancées sociales déterminantes, avec le Conseil National de la Résistance et des ministres comme Ambroise Croizat qui ont tout inventé... A l'étranger aussi avec des lois innovantes portées par le président Roosevelt aux États-Unis par exemple...
Alors oui, il est possible de croire encore que la politique a un rôle à jouer, dans le changement profond d'une société, sur base de personnages intègres, exfiltrés de la pseudo-monarchie constitutionnelle actuelle, mais je crois que cette politique n'a de possibilité d'exister à nouveau et rendre les services qu'on en attend que si les individus se mobilisent en ce sens et impulsent ces changements qui jamais ne viendront « du haut ».
L'un des axes essentiels de ce renouveau politique me semble être un régime plus participatif et plus proche du citoyen. Plus démocratique, quoi ! Une autre République digne de ce nom, la VIème parce que celle qui nous concerne aujourd'hui revêt un costume « exécutif » trop grand, taillé en son temps pour un général qui a dirigé la France après l'avoir sortie des affres de l'occupation nazi.
Mais surtout une démocratie sous contrôle, sous contrôle permanent des citoyens et non assortie des blanc-seings pluriannuels leur permettant de tout faire sans jamais rendre compte. Car il s'agit bien de rendre compte. On constate que si ce processus permanent était intégré; nombre de crises, lois scandaleuses, choix contraires à ce pour quoi ils ont été élus... auraient été évités.
Chaque élu, quel qu'en soit le niveau, doit faire l'objet d'une surveillance, d'une révision et d'une révocation possible de son mandat à tout moment, sur base de consultations permettant de vérifier l'adéquation de leurs décisions aux choix réels de la population. « Rendre compte », cela veut à la fois dire pour le politique justifier de ce qui est fait, pourquoi, avec quel argent et sur quelles bases (programmes, promesses électorales...) en engageant réellement sa responsabilité, autrement que sur un article 49-3 acquis d'avance devant une majorité parlementaire, mais aussi assumer la véritable responsabilité de ses choix, devant la justice si nécessaire et pas une justice de mascarade ou des juridiction spécifiques et dédiées comme l'est la cour de justice de la république...
Par ailleurs, chaque élu ou chaque membre du gouvernement se doit de justifier en permanence ses actions, ses dépenses, ses frais de fonctionnement, l'utilisation de chaque denier d'argent public parce que cet argent est le nôtre, rien d'autre ; ce qui permettra de sortir d'une république qui se complaît dans les palais et l'or des ministères...
Outre ce changement de régime qui ne peut évidemment être tout à fait pour demain, et pour en revenir à cette crise dans laquelle nous sommes encore, les paroles et les promesses ont été lourdes ; beaucoup les ont entendues et les attentes sont à la hauteur de ce qu'elles sous-entendent. Le Président de la République et son gouvernement se doivent de revenir sur chacun de ces aspects et agir tout en expliquant point par point en quoi ils portent et concrétisent ces promesses.
Chacun d'entre-nous attend que des comptes soient rendus à ce sujet, en s'appuyant sur les paroles, les discours discours d'E. Macron les 12 mars, 16 mars et 13 avril. Il s'est déjà passé deux mois sans que nous n'entendions plus ce Président omniprésent... Nous aimerions qu'il se rappelle à nous en ce sens...
Même si, comme je l'ai déjà écrit, j'ai cru à ses paroles, j'ai voulu y croire oui, tellement elles étaient engagées et pleines d'une forme d'espoir d'un « meilleur » ; ces paroles, presque mot pour mot, nous les avions déjà entendues. : « une certaine idée de la mondialisation s'achève. L'idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. L'autorégulation pour régler tous les problèmes, c'est fini. Le laisser faire, c'est fini. Le marché qui a toujours raison, c'est fini. Il faut tirer les leçons de la crise pour qu'elle ne se reproduise pas. Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer. ». Mais j'étais naif, naïf d'optimisme parce que ces mots ne sont pas ceux de Macron mais d'un de ses prédécesseurs, aussi menteur que lui, N. Sarkozy en 2008, le 25 septembre précisément à Toulon :
Incroyable, non ? Incroyable de constater à quel point notre mémoire est volatile. Si je ne les avais pas oubliées, comme la plupart d'entre nous je pense, mon optimisme naïf en ce domaine et avec ces personnages n'aurait pas été.
#OnNoublieraPas