16/04/2020 – Jour 31 - ces dates - Hommages
Ces dates qui sonnent et résonnent. 15 avril, 16 avril. 
15 avril, mon frère. 
15 et 16 avril 2019 : le cri de Notre-Dame à ce monde qui vacille. 
16 avril 2020 : au cœur de cette crise qui relaie le message de l'an passé, plus fort parce qu'incompris, Christophe. Le musicien, l'inventeur de sons, dont le départ fait écho à celui de mon autre petit frère, parti l'année de la précédente pandémie dont on parle si peu, celle de 1969, avec ses 40 000 morts en un mois en France, 1 million à travers le monde ! 
Ces dates qui résonnent, pour mieux raisonner... 
 
L'an passé, Notre-Dame décapitée où les arrogants se contentaient de jeter des millions pour en refaire le joyau qu'elle était. Oubliant au passage l'âme qui l'habitait. Un certain Président, le cœur sur la main, touché par une affliction feinte, ne jurait que de la reconstruire avant 2024... date des jeux olympiques ! Dieu que ces hommes peuvent être petits ! 
 
Aujourd'hui, un artiste est mort. Le monde l'oubliera bien vite. Moi pas. Parce qu'il fait partie de ces liens qu'on sait, de ces liens qui touchent, touchent une partie intime de soi et vous attachent intimement, sans excès. 
Sa musique et la mélancolie des textes portés par sa voix douloureuse, celle des poumons vacillants qui ont fini par céder ce jour. Je n'avais pas idée de cette attache et de ce qu'elle porte, pas idée de cette lourdeur que je ressens maintenant, cette lourdeur du cœur, qui pleure un musicien hors-pair certes mais un musicien décalé surtout, dans sa musique et ses délires. La vie qu'il s'est choisi sans référence autre que la sienne, sans rien demander, créant son monde propre pour échapper à l’artificiel et au superficiel qui ne lui convient pas. 
Un ami de la mélancolie pulmonaire qui l'emporte. 
J'ai choisi cet hommage d'un autre artiste décalé en son genre, d'une autre manière, assumée et qui, dans la chanson retenue dit peut-être tout ce à quoi ils échappent l'un et l'autre, ce à quoi ils se refusent. 
Hommage donc : 
         - à Notre Dame et le rendez-vous manqué 
         - à Christophe, par F. Cabrel avec « les marionnettes » 
 
Paris Brûle 
Notre Dame qui est aux cieux, 
Notre temps qui est odieux, 
Odieux de trop de Dieu, 
De trop d'hommes de Dieu, 
 
Tu brûles de désespoir, 
Tu t'arraches les cheveux, 
Tu crames de nous voir affligés plus qu'heureux. 
 
Comme une allégorie, comme une métaphore 
Tu pointes le chemin que stupide il emprunte, 
Lorsque jour après jour, l'homme se sent plus fort, 
De sa stupidité, sa suprématie feinte. 
 
Tu hurles, tu te fâches, ils persistent pourtant, 
Avilis, aveuglés, éloignés de l'instant. 
 
Notre Dame meurtrie, et nos âmes blessées, 
Tu vois l'avidité révélée par le feu. 
Notre Dame Vuitton-Bettancourt, hébétée, 
Tu vomis le trop plein de cet argent volé. 
 
Deux fois, tu brûles, tu as brûlé, 
Deux fois, trois fois sans t'arrêter. 

© Eric Benoit